Enquête sur un mythe vivant : Mark Zuckerberg par Daniel Ichbiah
Nous sommes peu nombreux, désormais, à ne pas connaître ce réseau social qu’est Facebook. Chaque inscrit possède sa page personnelle ou professionnelle et y livre tous ses états d’âme, confidences et relations… Chacun y allant de sa petite mise en scène, essayant ainsi, de valoriser son image de marque et d’être heureux, d’une certaine façon.
Cependant, derrière cette vaste toile d’expositions de soi, il y a son créateur : Mark Zuckerberg dont, à l’inverse, on ne sait pas grand-chose de lui jusqu’à présent.
Mais c’était sans compter sur Daniel Ichbiah, auteur de biographies de Steve Jobs et de Bill Gates publiées internationalement, mais aussi d’un livre sur l’histoire de Google, de la saga des jeux vidéo et bien d’autres livres encore… qui publie une autre biographie sur ce mystérieux personnage et qui nous accorde une interview en exclusivité !
La première histoire complète sur Mark Zuckerberg
La première biographie sur Mark Zuckerberg par Daniel Ichbiah aux éditions de La MartinièreBonjour Daniel,
D’où est venue l’initiative de réaliser une biographie de Mark Zuckerberg ?
L’idée n’est pas venue de moi. C’est Bertil Scali de l’agence Litcom qui est à l’origine du projet. Il œuvrait pour les éditions de La Martinière et m’a sollicité dans le courant de l’année 2017 mais j’ai longtemps hésité…
Pour quelle raison…
Déjà en 2007, lorsqu’un éditeur m’avait demandé de réaliser l’histoire de Google, j’avais pu constater que les choses avaient bien changé en 20 ans. Dans les années 80 et jusqu’au milieu des années 90, lorsque j’ai démarré comme journaliste, il était incroyablement facile de rencontrer des gens comme Bill Gates ou Steve Jobs ou encore les grands noms du jeu vidéo comme Shigeru Miyamoto, le créateur de Super Mario, les pionniers de l’image comme John Lasseter de Pixar (Toy Story).
Le domaine était encore jeune, ce n’était pas encore devenu une ‘industrie’. Peu à peu, les boîtes ont commencé à se ‘barricader’.
Pour réaliser l’histoire de Google, j’en avais pas mal bavé, j’avais été jusqu’à appeler le PDG français à son numéro personnel pour parvenir à l’avoir et obtenir un rendez-vous. Et donc, je me disais que cela allait être pareil avec Facebook. Et de fait, cela a été encore pire. Je n’ai jamais vu cela.
Facebook ou l’inaccessible créateur
Durant des mois, j’ai contacté en vain les responsables presse aux USA, en Irlande, en France… Ils ne répondaient même pas aux messages. Le silence absolu. La chance a voulu que j’aie connu l’attachée de presse actuelle lorsqu’elle bossait pour AOL, un fournisseur d’accès Internet qui a eu son heure de gloire éphémère vers l’an 2000.
Elle a accepté de me recevoir et nous avons entrepris des démarches ahurissantes pour demander à pouvoir visiter Facebook en Californie…
Et oui, quel paradoxe quand on sait que Facebook est sans doute la société qui engrange le plus d’informations sur vous et moi. Bref, j’indique dans l’introduction du livre que c’est la dernière fois que j’entreprends une bio sur un patron de la high tech. Quand je compare avec des bios comme Téléphone où j’ai des kilomètres d’interviews, cela donne plus envie d’écrire sur des artistes que sur des patrons de start-ups.
Qu’avez-vous découvert sur Zuckerberg que nous ne savions pas déjà ?
Une foule de choses. En réalité, quiconque prétend le connaître passe à côté du personnage. Il échappe à toute classification. Par exemple, il est totalement indifférent à l’argent.
Mark Zucherberg jeune à Harvard
En 2006, alors qu’il n’avait que 22 ans, Yahoo! a tout de même proposé 1 milliard de dollars pour racheter Facebook – qui était alors dans sa 2ème année.
Les investisseurs poussaient Zuckerberg à accepter cette offre, lui présentant la chose comme une occasion qui pourrait ne jamais se représenter. Et à leur grande stupeur, il leur a dit ‘non’ !
Il faut un sacré cran pour refuser une telle offre. Il faut une incroyable foi dans la perspective de sa propre réussite.
Avant tout, tenir les rennes de Facebook le passionne, il est intimement persuadé d’accomplir quelque chose de bon pour l’humanité – un peu l’attitude que Steve Jobs qui était un grand ami de Zuckerberg d’ailleurs, avait à propos d’Apple.
C’est quelque chose qui peut surprendre en France, mais en Californie, il n’est pas rare de rencontrer des PDG de grandes sociétés, animés par des objectifs à grande échelle. Les deux gars de Google sont un peu dans ce même bain. En tout cas, pour ce qui est de Zuckerberg, il a énormément de traits de caractère inattendus.
Il semble avoir très mal vécu le scandale Cambridge Analyticaa…
Oui, longtemps, il a refusé de voir que Facebook avait pu être détourné à des fins politiques, et qui plus est, pour favoriser l’élection de Donald Trump, qu’il ne porte pas dans son cœur.
Et puis, avec en premier lieu le scandale des ‘fake news’ piloté depuis la Russie, puis l’affaire Cambridge Analytica, il n’a pas pu ignorer l’évident.
En réalité, Cambridge Analytica est la goutte d’eau de trop. Des gens avaient répondu à une enquête présentée comme un ‘test de personnalité’ et dans la pratique, leurs informations ont été exploitées à des fins politiques. Certes Facebook n’est pas responsable de ce détournement, mais le système mis en place ne comporte pas les gardes-fous adéquats.
Je crois aussi que beaucoup de gens n’avaient pas réalisé que, quand ils cliquent pour s’abonner à une application Facebook, qu’ils autorisent d’eux-mêmes certaines choses auxquelles nous ne réfléchissons pas, comme le fait que parfois l’application dit qu’elle pourra savoir qui sont nos amis.
Tout est dit noir sur blanc à l’écran au moment de l’inscription et nous avons été nombreux à cliquer dans le feu de l’action. Donc, d’une certaine façon, les internautes, c’est-à-dire nous-mêmes, avons manqué de vigilance.
Qu’est ce qui distingue Mark Zuckerberg des personnages comme Steve Jobs ou Bill Gates sur lesquels vous avez également écrit des biographies ?
Steve Jobs est le plus original du lot. C’était un esthète, un artiste, davantage qu’un businessman. Il a fortement œuvré pour introduire la notion du Beau dans la technologie et donc, à sa façon, il a un peu influencé son époque.
Bill Gates a un côté mathématicien / ingénieur assez impressionnant. Il analyse chaque problème en profondeur et n’a de cesse de trouver une solution qu’il estime brillante – ce qui a souvent été le cas. Il a toutefois pu manquer d’humilité à ses débuts.
Zuckerberg pour sa part, a fait preuve très tôt d’une maturité étonnante et a su éviter bien des pièges tendus sur son chemin. Et il a un goût profond pour la vie simple, les choses simples qui lui ont permis de ne pas succomber aux sirènes de la vie facile.
Dans le même temps, il n’a pas le ‘glamour’ de ses prédécesseurs.
Bref, pour reprendre ce que je dis plus haut, si l’on aborde ce livre, il faut adopter un regard ‘neuf’.
Je pense qu’un grand nombre de lecteurs seront surpris par la façon dont Zuckerberg réagit à certaines situations.
Mais bon, n’est-ce pas le propre des personnages hors du commun d’être, par définition, imprévisibles ?
@Daniel Ichbiah
Pour tout connaître de Mark Zuckerberg
https://ichbiah.com/mark-zuckerberg.htm
Daniel Ichbiah – Ecrivain
Découvrez ses œuvres sur la page : ichbiah.com
Avec tous mes remerciements…
Source de l’article et images : Daniel Ichbiah