Marie Da Cruz

L’amour avec un grand A, Paradis ou Enfer ?

L’une des plus grandes histoires d’amour connue est celle de Pierre Bergé et d’Yves Saint Laurent. A l’occasion de la sortie du film YSL de Jalil Lespert avec Pierre Niney et Guillaume Gallienne, on peut se poser la question : l’amour ne peut-il exister que dans la tourmente ? Quoi que l’on en dise, c’est en aimant à la folie que l’on découvre l’infinie palette des sentiments !

Aimer ou l’amour à en perdre la raison

Une vie de solitaire, une vie d’isolement psychique, où tout n’est que façade, artifices et démesure… Une vie de souffrances refoulées, une vie déchirée dont on s’acharne à recoudre les bords, une vie où le rire devient la seule arme de défense pour ne pas pleurer, une vie de misères et d’envies utopiques qui vous permettent illusoirement de tenir debout et d’avancer malgré vous, malgré tout. Voilà ce que peut être votre vie lorsque l’amour a fait ses valises et emporte avec elles, tout le monde merveilleux que ce sentiment nous apporte !
Et puis, un jour, sans crier gare, alors que la solitude fonctionne à merveille, dans l’indifférence la plus totale de chacun de nous, ça vous tombe dessus !
Pour ma part, il est entré ce jour-là dans mon bureau où j’étais très concentrée par un dossier à l’écran sur mon MacIntosh…
Je venais d’avoir un enfant et le travail s’était plutôt accumulé en mon absence. Pas le temps de se reposer sur ses lauriers et il fallait « boucler »ce foutu journal !
J’étais responsable de toute une équipe de pigistes, mon travail me passionnait. Il fallait préparer les sujets d’articles, y mettre tous les documents nécessaires à la rédaction, choisir le bon journaliste capable d’en être l’auteur et le recruter, gérer les délais entre l’écriture, la
relecture, la mise en page, les délais de fabrication et le bouclage final de l’article… Il y en avait quatre cents par mois, tous différents
des uns des autres !

Chaque jour, c’était un contre-la montre, pas le temps de rêvasser ou de penser à autre chose qu’à son travail, dans l’urgence, l’immédiat.

J’étais plutôt performante et j’adorais travailler « sous pression » ! Les challenges m’ont toujours attiré, donné une adrénaline quasi magique dans le néant de ma vie  sentimentale.

Il était là, debout… silencieux. Je ne l’ai pas remarqué ou plutôt, je ne l’ai pas senti…
Au bout de quelques minutes, un « Hum, hum » m’extorqua de ma concentration. J’ai alors levé la tête, mes yeux ont croisé les siens… J’étais foutue !!!
Je ne pourrais toujours pas vous dire aujourd’hui, ce qui s’est passé à ce moment-là. Je l’ignore et ne comprends toujours pas.
Son allure était élégante, sobre et raffinée. Mince, de taille moyenne, des cheveux noirs bouclés, des lunettes blanches sur un nez fort et généreux, des sourcils fournis donnant une virilité puissante à son visage, une bouche fine aux lèvres joliment dessinées et des yeux verts-noisette, pénétrants, fascinants, envoûtants…
Je n’ai pas pu parler sur l’instant. Je n’ai pas pu articuler un mot, tant j’étais déjà sous emprise, sous hypnose, sous son regard direct et obsédant !

Mais qu’est-ce-qui m’arrive ?

  • « Oui… Bonjour… C’est pourquoi ?… » la gorge sèche, les mots balbutiés, les mains moites…
  • « Je viens de la part de la directrice de rédaction… »
  • « Ah oui… Je suis au courant. Vous êtes LE spécialiste en vins et dégustations, paraît-il… »
    De ces quelques minutes d’égarement, j’avais réussi à me reprendre et rejouer parfaitement bien à nouveau, mon rôle de chef de bureau de piges.
    Professionnelle jusqu’au bout des ongles, maître de mes émotions rattrapées, je lui ai donc expliqué ce que l’on attendait de lui et de ses
    compétences en matière de journaliste/pigiste.

Pour lui avoir fait remplir la fiche de renseignements qui permettait son embauche, je découvre qu’il est marié, père de deux enfants, et
que nous avons lui et moi, quinze ans de différence ! Mais quel vieux, ce mec !
J’avais vingt six ans à l’époque. Tous ceux qui avaient dépassé la quarantaine étaient forcément âgés et vieux…
J’avais encore bien du temps devant moi pour y penser à la quarantaine, moi !

Je suis donc passée à autre chose et zappé même, ces quelques moments d’étourderie émotionnelle lors de ma rencontre avec lui. Toutefois, la suite de cette histoire à fini dans l’un de mes livres « Escroquerie aux Sentiments » – amazon au titre plutôt révélateur !

« La » rencontre reste toujours un moment magique, qu’elle soit amicale ou amoureuse. Cette adrénaline se vit à chaque fois intensément, plus ou moins contrôlée, maîtrisée…
Mais n’oubliez jamais que vous êtes seul à bord de votre propre navire, qu’est votre vie… pensez à en faire quelque chose de bien, de tendre, de doux, de féerique et non pas un enfer !

On n’a qu’une seule vie même si on la rêve à deux !

D’avoir souffert autant de la solitude et de l’isolement, vous pouvez parfois tomber dans la facilité qui se présente à vous, sous prétexte qu’il est plutôt difficile de nouer une relation, d’être désiré ou apprécié pour ce que vous êtes. Et puis, le temps passe si vite !

Vous vous lancez alors, tête baissée, dans une histoire qui, à priori, vous semble agréable, sympa et pleine d’avenir.  Enfin, vous allez pouvoir de nouveau ressentir des émotions auxquelles vous n’y croyiez plus.

Que du Bonheur !

Et c’est justement ce qui vous attend si vous suivez ces quelques conseils !

La rencontre a eu lieu et vous l’appréciez !  Le courant passe bien et vous semblez avoir des tas de points communs, le temps est donc venu de faire le point :

  • Analysez calmement et surtout, objectivement la situation.
  • Tenez compte de tous les paramètres qui pourraient faire obstacle à votre future relation
  • Ne négligez pas les détails qui auront leur importance plus tard (physique, manies, défauts, qualités, etc)
  • Soyez enthousiaste mais réaliste sur ce que vous pourrez faire ensemble
  • Gardez votre sang froid afin de ne pas céder à votre impulsivité
  • Modérez votre empressement à aller trop vite

  • Laissez du temps à la relation de prendre forme et place

  • Soyez heureux que cela vous arrive

  • Remerciez la vie de mettre cette personne sur votre chemin

  • Soyez conscient que vous allez vivre des moments forts mais aussi des moments fragiles

  • Éveillez-vous à la sensualité, au désir, à l’envie…

  • Restez vous-même et ne jouez pas un jeu, un rôle qui vous nuira un jour ou l’autre

  • Donnez le meilleur de vous, certes, mais avant-tout… Partagez avec l’autre, dans le respect, la confiance et la joie !

Ceci n’est qu’une infime liste de conseils à appliquer au quotidien car l’amour avec un grand A… peut effectivement,  être un enfer mais c’est à vous et à vous seul, d’en faire un paradis !

Je vous souhaite tout le Bonheur du monde !

« C’est peut-être cela l’amour fou. L’amour de deux fous. »

Lettre de Pierre Bergé à Yves Saint-Laurent

Lettre d’amour

Le 7 janvier 2009, Yves Saint-Laurent quittait la maison de haute couture qu’il avait créé avec Pierre Bergé. Le 7 janvier 2009, un an et demi après le décès du grand modiste, Pierre Bergé lui adressait cette lettre, souvenir et témoignage de leur amour fou.

7 janvier 2009

Je relis ma lettre d’hier. « Sceller notre destin. » Quelle étrange expression qui voudrait dire qu’on a été se faire apposer un sceau. La vérité est bien plus simple : nous nous aimions, nous avons essayé de réunir nos deux existences et, ô surprise, ça a marché pendant cinquante ans. Parfois, nous avons trébuché, nous nous sommes pris les pieds dans le tapis, nous nous sommes cassé qui une jambe, qui un bras, mais cinquante ans plus tard nous étions encore là et nous ne nous étions pas quittés. C’est peut-être cela l’amour fou. L’amour de deux fous. J’ai bien essayé de te fausser compagnie et j’ai su aimer ailleurs, mais tous les chemins me ramenaient à toi. Tu as fait la même chose. Pourtant, la jalousie ne nous a jamais abandonnés. Ce qui est plutôt incompréhensible. Mais qui peut comprendre et qu’y a-t-il à comprendre ? J’ai toujours affirmé que si je ne t’avais pas quitté c’était à cause de notre maison de couture, ce qui n’était pas vrai. Je ne t’ai pas quitté tout simplement parce que je ne le pouvais pas. À l’époque de Madison j’aurais pu le faire, j’ai failli le faire.

Finalement, c’est lui qui s’est lassé, qui est parti. Tu avais gagné une fois de plus. Te souviens-tu de ce Noël à Deauville en 1987 où je t’ai annoncé ma déroute ? Tu m’as dit, magnanime : « Je te plains car je te connais et je devine à quel point tu as dû t’investir. » J’ai été ému mais je t’avoue m’être demandé si ce n’était pas une manière – ta manière – de me faire toucher le fond. Peu importe. C’était l’époque terrible où tu cachais des verres de whisky derrière les rideaux.

Yves, tu n’es pas fâché, n’est-ce pas si je t’oblige à te rappeler ces vieux souvenirs ?

Sources : Deslettres.fr et ( Pierre Bergé, Lettres à Yves, Gallimard, Nrf )

4 commentaires

  • Marie Da Cruz

    Merci à vous Olivia ! Votre blog m’intéresse beaucoup aussi, je vais aller y jeter un coup d’oeil ! Belle journée à vous !

  • Marie Da Cruz

    Merci Gabriella pour ton commentaire. Oui, en effet, c’est ce même « vieux » qui est devenu un manipulateur ou tout simplement, l’était déjà mais je n’avais rien vu… L’amour rend aveugle, c’est bien connu ! J’ai vécu avec lui pendant deux ans où j’ai découvert l’homme qu’il était réellement. J’ai naturellement pris le temps de bien tout analyser avant de conclure qu’il était un pervers narcissique, en définitive. Aujourd’hui, j’en suis sortie mais profondément déçue, amère et dépitée jusqu’à ma rencontre avec l’homme exceptionnel qui partage ma vie et avec lequel, je ne souffre aucunement !
    Ce qui m’amène à en déduire également, que l’amour n’est pas forcément synonyme de souffrance. J’ai vécu les deux et je peux certifier que l’on peut aussi aimer et s’épanouir sans souffrir, à condition toutefois, de changer sa façon d’être ! Bien à toi.

  • Gabriella

    La lettre de Pierre Bergé est belle ainsi que la rencontre que tu évoques avec ce « vieux » de 40 ans. Je suis curieuse : « as-tu vécu avec lui ? » Est-ce lui le manipulateur ? Je regrette qu’amour soit souvent synonyme de souffrance. Je suis du style fusionnel et donner beaucoup de ma personne, de mon temps, ne plus voir les amis pt un certain temps, penser sans cesse à lui. Je sais que c est dommage surtout à mon âge où l expérience devrait servir enfin mais non finalement l expérience, le passé, le vécu ne m’intéressent pas. Je ne respire que par lui.

Vous en pensez quoi, vous ? Laissez-nous un petit commentaire!